Famille Tousch
La famille Tousch est originaire d'Alsace, plus exactement de la petite ville de La Wantzenau.
Avant d'être francisé, le nom était Tusch.
Jacques (1625-1689) et son fils Mathias (1661-1703) sont les derniers à porter le nom dans sa forme allemande.
L'Alsace passe sous la couronne de France en 1680 et le Conseil d'Etat ordonne l'usage du français dès 1685 notamment dans les actes judiciaires.
Jean Adam Tousch (1691-1769) est un artisan cordonnier.
Il épouse en 1727 Marie Apoline Kaas dans l'église du village de sa belle-famille à Bousbach situé au nord de la Moselle en Lorraine, à plus de 100 km de sa terre natale.
Le père d'Apoline étant décédée quelques mois plus tôt la terre dont elle hérite sera sa dote.
Jean Adam se reconvertit de fait en laboureur.- cultivateur.
Il n'aura pas moins de 3 filles et 7 fils de son mariage.
Parmi cette descendance prolifique, un fils, Pierre Tousch (1746-1823) se distingue en s'engageant à 19 ans dans la Légion de Lorraine où il est tour à tour, dragon, brigadier, maréchal des logis et fourrier.
A la dissolution de la Légion de Lorraine en 1776, il est incorporé dans la ville du Mans comme Maréchal-des-logis en second du 2 ͤ escadron de chasseurs dans le régiment de Chartres-Dragons, futur 14 ͤ régiment de dragons où il fait tout le reste de sa carrière.
Il y est nommé adjudant en 1779 mais on le retrouve officier en 1784 au grade de lieutenant.
Le 20 mai 1791, il est nommé chevalier de Saint-Louis.
Ce même mois de mai 1791, le 14 ͤ régiment de dragons quitte Le Mans à la demande de la municipalité, incapable de résister à la pression de certains agitateurs.
Il est nommé capitaine le 10 mars 1792
La déclaration de guerre (20 avril 1792) permet à Pierre Tousch, comme à beaucoup d’autres, de montrer la mesure de ses capacités
Il est nommé chef d’escadron le 9 octobre 1793.
Ses états de services depuis 1792 sont décrits ainsi : « A combattu avec courage dans l’affaire du 2 nivôse (22 décembre 1793) à Werte (= Woerth, Bas-Rhin) ainsi que dans toutes les affaires au déblocus de Landau, a été blessé d’un boulet de canon à la partie moyenne du ventre à l’affaire du 28 prairial (16 juin 1794) au dessus de Charleroi (Belgique), a toujours été fidèle et exact à ses devoirs ». A la même époque, le conseil d’administration du 14 ͤ régiment de dragons répondant à une enquête du Comité de Salut Public (Arrêté du 19 avril) le jugeait également digne de l’emploi de chef de brigade.
On remarque à propos de son patriotisme : « Le plus épuré et a toujours donné des preuves de son attachement à la République ».
- « Observations sur sa conduite morale et politique » : « A toujours été exact à ses devoirs et irréprochable sur sa conduite, il a toujours maintenu le bon ordre et la discipline et a montré le plus grand zèle à faire exécuter les loix ».
- « Capacités » : « Sait bien lire et écrire, connait parfaitement le calcul, et les manœuvres au point de les enseigner ».
On précise aussi : « A toujours combattu avec courage dans toutes les affaires où il s’est trouvé avec le régiment. Il a été blessé d’un boulet de canon à l’affaire du 28 prairial, idem, d’un coup de bale à la mâchoire inférieure du côté gauche le primidi sans culottide au dessus de Mastreich ».
Tousch retrouve Le Mans sa ville de garnison d’avant-guerre.
Sa carrière touche à sa fin car les séquelles de ses blessures et d’autres problèmes de santé le rendent progressivement impropre au service.
Il sert dans ce régiment jusqu’à la date du 23 juillet 1801 où un arrêté du Premier Consul l’autorise à se retirer dans ses foyers en vue d’une mise à la retraite. Outre sa campagne en Corse (1769), Tousch a fait les campagnes de 1792, 1793, 1794, 1795, 1796, 1797, 1798, 1799, 1800 et 1801 soit dix campagnes..
Pierre Tousch prend la route du Mans où le portent les souvenirs heureux des années 1788-1791
Il épouse Guillemette Espagnol, veuve du feu Maire du Mans Rameau et propriétaire de l'Hôtel particulier "Sainte Barbe"..
La mariée a sept ans de plus que Pierre: elle le précède très rapidement dans la tombe puisqu’elle meurt au Mans le 4 juillet 1802, dix mois à peine après le mariage
Nous ignorons si Pierre Tousch mit beaucoup de temps à se consoler de ce veuvage rapide. La succession que lui laisse sa femme est en tout cas considérable. Joseph, le fils unique survivant de Raymond Rameau et Guillemette Espagnol qui servait comme sergent dans la 73 ͤ demi-brigade de ligne ne donnant plus de nouvelles, Pierre Tousch fait constater en 1804 par la justice sa disparition :
Il hérite par conséquent de toute la fortune de sa défunte épouse.
Pierre Tousch n’a pas d’enfants et se trouve désormais à la tête d’un patrimoine conséquent.
Il entreprend de rendre visite pour Noël à sa famille dans son village natal, sans se douter que la mort l’y attend..
Il meurt à Bousbach, le 22 janvier 1823 à sept heures et demi du matin dans la maison de son frère Jacques Tousch.
La déclaration de succession faite au Mans mentionne comme héritier: le neveu Pierre Tousch.
Son autre frère Nicolas Tousch (1740-1813) poursuit l'activité familiale à Bousbarch et épouse Anne Marie Wagner (1744-1815).d'une famille de propriétaires terriens et d'échevins descendante directe de Marguerite de Bassy (1606-1703) dont le père Pierre et le grand-père Jean occupent eux aussi des fonctions d'Echevin et d'Intendant.
Il aura 9 enfants dont un fils Pierre II Tousch (1765-1838)
Ce dernier s'engage à 21 ans dans le régiment de Chartres-Dragons (futur 14 régiment de dragons en 1791) : son oncle, parrain et
homonyme Pierre Tousch (1746-1823) y servait déjà comme officier.
Il y fit toute sa carrière :
Brigadier en 1791, il passe maréchal-des-logis un an plus tard et devient officier au grade de sous-lieutenant le 8 août 1793
En octobre 1794, une fiche de notation le décrit comme mesurant cinq pieds quatre pouces (1,708 m), la « santé robuste, la vue bonne, nulle infirmité ». On remarquait aussi : « Sait lire et écrire, possède les éléments du calcul, a quelques connaissances sur les manœuvres. A combattu dans toutes les affaires où s’est trouvé le régiment, a toujours été fidèle et exact à ses devoirs »..
Il est finalement promu lieutenant, le 20 avril 1798.puis capitaine, le 14 février 1800, nomination par le général en chef Bonaparte.
Il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur le 14 avril 1807.
Toutefois, l’année 1807 marqua la fin de sa carrière militaire et il s’en fallut de peu que ce fut aussi la fin de sa vie.
Le 10 juin 1807, il fut grièvement blessé à la bataille d’Heilsberg.
Les soins sommaires prodigués d’abord par le chirurgien sous-aide du 14 régiment de dragons, Creudal, puis par le chirurgien en chef de l’hôpital de Maastricht, Chapuis, ne purent sans doute qu’atténuer légèrement les terribles douleurs du capitaine Tousch.
.Le 10 octobre 1807, le conseil d’administration du régiment envoya au ministre de la guerre un mémoire (certificats médicaux à l’appui) pour lui demander en faveur du capitaine Tousch un congé de convalescence de trois mois « pour rétablir sa santé extrêmement altérée par une blessure grave ». Le 17 novembre suivant, le ministre accorda ce congé avec appointements.
Le congé n’était pas même achevé que les autorités estimèrent que les séquelles étaient trop graves pour que le capitaine Tousch puisse encore servir sous les drapeaux.
Le 24 décembre 1807 à Maestricht (Maastricht, Pays-Bas), le conseil d’administration du régiment établiit un mémoire de proposition pour la solde de retraite du capitaine Pierre Tousch, commandant la 1 compagnie du 1 escadron.
Le mémoire remarquait que « ce capitaine est horriblement maltraité, et mérite les grâces du Gouvernement, ainsi que sa retraite ».
Tousch avait en effet bien mérité de la Patrie. Il avait fait les campagnes de 1792 à l’Armée du Nord, celles de 1793, des ans II, III, et IV à l’Armée de Sambre-et-Meuse, celle de l’an V es de Brest et au camp de Boulogne, celles de vendémiaire de l’an XIV, 1806, 1807 à la Grande Armée.
Il s’était trouvé, continue le mémoire, aux batailles d’Austerlitz, de Iéna, d’Eylau et de Heilsberg.
Le 3 thermidor an IV (21 juillet 1796), en Franconie, il avait eu un cheval tué sous lui, il avait été lui-même blessé d’un coup de lance à la poitrine le 19 germinal an VII (8 avril 1799) au combat du Mont-Thabor (expédition d’Egypte) et un coup de feu lui avait fracassé la mâchoire inférieure à Heilsberg (10 juin 1807).
Le chirurgien du régiment notait ce propos : « M. Tousch capitaine dénommé ci-dessus a été blessé d’un coup de feu sur la partie latérale droite de la machoire inférieure dans lequel coup la balle s’est portée inférieurement et obliquement de devant en arrière, et se trouve
dans ce moment fixée près le bord supérieur de l’omoplate : par cette blessure l’os m’axilaire a été fracassé, il y a enlèvement des deux 1ères dents molaires, une partie du muscle sterno-cleïde-mastoïdien a été lésé, des dépôts considérables ont eu lieu à la partie antérieure du cou, d’où nombre d’esquilles de l’os maxilaire ont été retirées ; il reste de cet accident des ulcères fistuleux à la partie antérieure du larinx faisant craindre la carie de cette partie . Cet officier éprouve de la difficulté dans les mouvements de la tête et dans la mastication. La voix
est affaiblie au point qu’il a de la peine à se faire entendre, par la lésion de l’organe vocal. Il est en outre attaqué de surdité partielle par l’oreille du même côté. En conséquence j’estime que ledit capitaine est hors d’état de continuer le service »
Il épouse en 1809 Jeanne Herbinot Destouches âgée de 24 ans et dont le nom de famille avant la Révolution était "Herbinot des Touches".
Cette famille a offert de grands commis de l'Etat et plus anciennement des Musiciens, tel ce Jean Herbinot des Touches, musiciens des instruments à vent de la chambre du Roi de France, Louis XIII.(L'ecclésiastique et savant Mersenne dit de ce dernier en 1636 qu'il joue la musette à la perfection)..
La vie de Pierre Tousch est désormais celle d’un officier retraité, d’un rentier (surtout après le décès de son oncle (1823) dont il est l’héritier principal) vivant dans l' hôtel particulier de Sainte Barbe..
Sa famille s’accroit au fil des années et cohabite avec l’oncle Pierre I dans cet hôtel particulier doté d’un parc.
En aucune manière l’existence de Pierre II Tousch ne peut être confondue avec celle de tant de ses compagnons d’armes qui végètent sous la Restauration avec une «demi-solde».
Le 11 décembre 1816, il prête serment à Louis XVIII comme légionnaire. A sa mort, survenue au Mans, le 29 juin 1838, il réside toujours « Tertre Saint-Laurent » (Hôtel Sainte-Barbe).
Il laisse Jeanne veuve et cinq enfants
Jeanne meurt au Mans le 16 octobre 1855..
Parmi les enfants, Léonide Tousch (1827-1882) épouse en 1855 le Comte Louis Gustave Quentin de Poligny.

Maison traditionnelle de La Wantzenau

Pierre Tousch (1746-1823)
Illustration

Pierre Tousch à la Bataille victorieuse de Woerth-Froeschwiller
contre les prussiens et les autrichiens
22 décembre 1793
Illustration

Jean de Bassy (1540-1618)

Pierre II Tousch (1765-1809)
Illustration


Marin Herbinot des Tousch (1665- vers 1743),
Conseiller du roi, Trésorier et payeur des rentes de l'hôtel de ville de Paris
et son épouse Marguerite (née de La Champagne)
portraits de 1704

Jeanne Herbinot Destouches (1784-1855)
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